Recruteur Qonto
12/09/2022

Qonto a recruté un Lead Growth Engineer en 2 semaines

Qonto est une entreprise française de services financiers destinée aux entrepreneurs et aux petites entreprises (1er compte pro en ligne). Leur mission est d’aider toutes les PME et les indépendants à préserver leurs ressources les plus précieuses : leur temps, leur énergie et leur ambition. Qonto est né juillet 2017, et depuis l'équipe a atteint de grandes réalisations : leader du marché de la banque en ligne pour les PME en Europe, 250 000 entreprises clientes, +700 talents dans l’équipe et 622 M € levés.

Blogdu recrutement

En mai 2025, IBM a annoncé le licenciement de 8 000 collaborateurs de ses départements RH, remplacés par des systèmes d’intelligence artificielle capables de gérer à grande échelle le sourcing, la présélection et même certains entretiens (Business Today, 2025). Quelques jours plus tard, Aravind Srinivas, PDG de Perplexity, allait encore plus loin : selon lui, « le travail d’un recruteur d’une semaine peut être réalisé par une seule requête IA », et d’ici six mois, les recruteurs humains pourraient devenir superflus.

Ces annonces spectaculaires soulèvent une question brûlante : faut-il encore recruter des recruteurs, à l’heure où l’IA prétend pouvoir absorber l’essentiel de leurs missions ?

Derrière l’effet d’annonce, la réalité est plus nuancée. Car si la technologie automatise une partie croissante du processus, le rôle du recruteur ne se limite pas à « exécuter des tâches ». Il consiste aussi à incarner un business partner, à challenger les managers, à structurer une stratégie de recrutement alignée sur les objectifs business et, surtout, à identifier les profils qui feront basculer une équipe dans une autre dimension. Autrement dit : quand faut-il recruter un recruteur, et pour quoi faire ?


1. L’IA rebat les cartes du recrutement : promesse d’efficacité ou perte de sens ?

Les annonces d’IBM et de Perplexity ont agi comme un électrochoc pour tout l’écosystème RH. En quelques mois, l’IA est passée du statut d’outil d’assistance à celui de menace potentielle pour des métiers entiers. Sourcing, qualification, rédaction d’offres, relances, suivi des candidatures : tout semble désormais automatisable.

Mais derrière cette promesse d’efficacité totale, un glissement s’opère. Le recrutement devient perçu comme un processus logistique, et non plus comme une décision stratégique.
Or, confier le recrutement à une IA, c’est lui demander d’optimiser une suite d’actions… pas de comprendre un contexte, une culture, ou une équipe.

C’est là toute l’ambiguïté :
👉 oui, une IA peut trouver les bons profils sur LinkedIn plus vite qu’un humain,
👉 mais non, elle ne peut pas encore comprendre pourquoi ce profil-là fera grandir l’équipe, inspirera les autres, ou incarnera la vision d’un projet.

Le risque, c’est de confondre la performance d’un système avec la pertinence d’un jugement.
Et dans un marché du travail en pleine mutation, cette nuance est capitale.

En réalité, cette révolution technologique ne signe pas la fin du métier de recruteur : elle en révèle la véritable nature.

Car plus les outils automatisent, plus la valeur se déplace vers ce qui ne peut pas l’être  :

  • comprendre le besoin réel derrière une fiche de poste,
  • identifier les signaux faibles dans un échange,
  • construire une expérience candidat cohérente avec la marque employeur,
  • et aligner chaque embauche sur la stratégie business.

Autrement dit, l’IA ne remplace pas le recruteur : elle écarte les recruteurs “exécutants” pour ne laisser place qu’à ceux capables de penser le recrutement comme un levier de performance globale.


2. D’une compétence RH à un vrai métier : l’évolution du rôle de recruteur

Pendant longtemps, le recrutement a été considéré comme une simple sous-fonction des ressources humaines.
Un savoir-faire périphérique, que l’on pouvait confier à n’importe quel collaborateur « à l’aise avec les gens ».

Le fameux « Ah, tu es recruteur ? Donc tu fais des RH ? » résume à lui seul la perception dominante :
👉 une fonction administrative,
👉 peu liée à la performance business,
👉 et souvent vue comme un centre de coût plutôt qu’un levier de croissance.

Pourtant, les dernières années ont montré à quel point cette vision était datée.

En 2021, dans un contexte de rebond économique historique (+6,8 % de PIB), les entreprises ont recruté massivement, parfois dans l’urgence. Et c’est là que la valeur du recruteur est apparue au grand jour : sans talents, pas de croissance.
La demande a explosé, la rareté s’est installée, et les recruteurs sont devenus des profils convoités, parfois aussi difficiles à trouver que les développeurs qu’ils cherchaient.

Mais la crise des financements de 2023 a stoppé net cette dynamique.
Les entreprises tech ont gelé leurs embauches, les VC ont serré les budgets, et la question est revenue :

“Est-ce encore utile d’avoir un recruteur à plein temps dans l’équipe ?”

Ce cycle d’amour-désamour illustre bien le malentendu autour du métier.
Quand le marché est tendu, on glorifie le recruteur comme sauveur ; quand il ralentit, on le considère comme une charge.

En réalité, le problème n’est pas dans la fonction, mais dans la façon dont on la perçoit.
Recruter n’est pas une compétence RH parmi d’autres, c’est un métier stratégique à part entière — celui qui garantit l’adéquation entre la vision d’une entreprise et les personnes qui la réalisent.

Un bon recruteur ne se contente pas d’exécuter un process.
Il interprète un besoin, le challenge, et le traduit en plan d’action concret.
Il comprend le business, les enjeux de productivité, les contraintes de marché, et transforme une intention de recrutement en un investissement rentable.

C’est précisément cette évolution — du RH au business partner — qui redéfinit aujourd’hui la valeur du métier.


Et c’est à ce moment-là qu’il faut se poser la vraie question :
👉 quand faut-il recruter un recruteur ? Pas quand le besoin explose, mais quand le recrutement devient un facteur clé de performance.


3. La rentabilité d’un recruteur : un ROI qui dépasse le calcul comptable

Lorsque la question “faut-il recruter un recruteur ?” se pose, elle s’accompagne presque toujours d’une autre :

“Est-ce que ça vaut le coût ?”

La tentation est grande de réduire la rentabilité d’un recruteur à une équation simple :

salaire chargé du recruteur interne = X €
prime moyenne d’un cabinet de recrutement externe = Y €
→ il faut réaliser Z recrutements pour que le salaire du recruteur soit “rentable”.

Cette logique a le mérite d’être rationnelle.
Mais elle oublie une donnée essentielle : le recrutement n’est pas une mécanique, c’est un investissement humain et stratégique.

💡 Le calcul simpliste : une vision incomplète

Prenons un exemple : un recruteur interne coûte 60 000 € par an.
Un cabinet facture en moyenne 10 000 € par recrutement.
Le calcul rapide conclut qu’il faut six recrutements par an pour “rentabiliser” le poste.

En apparence logique, cette formule ne dit pourtant rien :

  • du temps gagné par les managers,
  • de la qualité des profils intégrés,
  • ni de la stabilité qu’un bon recrutement apporte à l’équipe.

En d’autres termes, elle évalue un processus, pas une valeur créée.

🚀 Le vrai ROI : la qualité, pas la quantité

Un recruteur n’est pas rentable parce qu’il embauche beaucoup, mais parce qu’il embauche juste.

Quand une entreprise intègre un profil exceptionnel — celui qui tire une équipe vers le haut, structure un pôle ou fait décoller un produit — tout change : la performance, la cohésion, la vitesse d’exécution.

Un “top hire” n’est pas seulement un succès individuel, c’est un multiplicateur d’impact.
C’est la différence entre une croissance freinée et une organisation qui passe à l’échelle.

C’est ce que résume parfaitement la formule :

“Le vrai ROI d’un recruteur, c’est de trouver la meilleure personne pour le rôle.”

📊 Repenser la rentabilité : au-delà des chiffres

Pour évaluer la valeur réelle d’un recruteur, il faut intégrer d’autres dimensions :

DimensionExemple concretImpact
Temps gagnéLe manager se concentre sur l’opérationnel plutôt que sur le sourcingProductivité immédiate
Qualité des recrutementsMoins de turnover, meilleure performance des équipesÉconomies indirectes
Structuration des processScorecards, KPIs, feedbacks candidatsGains d’efficacité durables
Marque employeurExpérience candidat fluide et cohérenteMeilleure attractivité

Ces éléments sont difficiles à chiffrer, mais déterminants pour le chiffre d’affaires et la marge de l’entreprise.

Car une équipe bien constituée coûte moins cher à long terme qu’une succession de recrutements ratés.
Et c’est précisément là que se situe le ROI d’un recruteur : dans la durabilité et la performance collective.

En somme, un recruteur ne se juge pas à la quantité de profils embauchés, mais à la valeur créée par ces recrutements.
Et cette valeur dépasse largement les chiffres : elle s’exprime dans la culture, la cohérence et la capacité d’une entreprise à grandir avec les bonnes personnes.


4. Le recruteur comme business partner : un levier stratégique, pas un centre de coût

S’il y a bien une erreur encore trop fréquente dans les entreprises, c’est de considérer le recruteur comme un exécutant : celui à qui l’on confie une fiche de poste pour qu’il “trouve des candidats”.
Cette posture purement opérationnelle alimente une perception erronée : celle du centre de coût.

Or, un bon recruteur n’est pas un technicien de la sélection.
C’est un partenaire de pilotage business, capable de challenger les besoins, d’anticiper les difficultés et d’éclairer la stratégie de croissance.

🎯 Aligner le recrutement sur la stratégie business

Chaque recrutement doit répondre à une question simple :

“Quel objectif business ce poste sert-il réellement ?”

Le rôle du recruteur est d’aider les dirigeants à clarifier cette réponse avant même d’ouvrir le poste.
Grâce à des outils comme la Scorecard, il peut :

  • traduire un objectif stratégique en compétences mesurables,
  • définir les priorités de recrutement,
  • et s’assurer que chaque embauche sert la vision de l’entreprise.

En d’autres termes : le recruteur ne “remplit pas des postes”, il oriente les investissements humains.

📈 Appuyer les décisions sur la donnée

Un recruteur moderne ne se fie plus à son instinct seul — il pilote par les KPI.
Time-to-hire, taux de réponse, taux de conversion des entretiens, feedbacks candidats, qualité d’intégration à M+3 : tous ces indicateurs permettent d’anticiper, d’ajuster, et de rationaliser les décisions.

Cette approche data-driven transforme la posture :
👉 on ne “pense” plus qu’un recrutement sera difficile,
👉 on sait qu’il le sera, et on agit en conséquence.

Grâce à ces données, le recruteur devient un véritable capteur de signaux marché : il alerte sur la rareté des profils, ajuste le discours, et optimise les délais et les coûts.

🤝 Accompagner les managers dans le process

La mission d’un recruteur ne s’arrête pas à la sélection : il forme et élève le niveau de recrutement de toute l’organisation.


Cela passe par :

  • la formation des hiring managers à la conduite d’entretien,
  • la sensibilisation aux biais cognitifs (effet halo, biais d’affinité, confirmation),
  • et le coaching continu pour améliorer les pratiques d’évaluation.

Ainsi, le recruteur agit comme un chef d’orchestre : il structure, aligne et fluidifie l’expérience de recrutement pour toutes les parties prenantes — candidats et managers.

🔄 Penser en solutions, pas en postes

Enfin, un business partner ne se limite pas au recrutement externe.
Il sait proposer des alternatives stratégiques :

  • mobilité interne pour capitaliser sur les talents existants,
  • freelance ou conseil pour répondre à des besoins ponctuels,
  • ajustement du périmètre du poste pour coller au marché.

Cette approche pragmatique réduit les coûts, améliore la réactivité, et renforce la crédibilité du recruteur auprès de la direction.


💬 En bref : un bon recruteur, c’est celui qu’on appelle avant d’ouvrir un poste, pas après.
Parce qu’il ne recrute pas seulement des personnes — il protège la stratégie.


Conclusion – Faut-il encore recruter des recruteurs ?

Face à la montée en puissance de l’IA, la tentation est forte de croire que les recruteurs appartiennent au passé.
Après tout, si une machine peut sourcer, trier et planifier, pourquoi maintenir une fonction humaine coûteuse ?

Parce que recruter n’a jamais été une affaire d’exécution, mais une affaire de vision.
Ce n’est pas la tâche qu’on délègue qui compte, c’est l’intention qu’on poursuit.

⚙️ L’IA ne remplace pas, elle redéfinit

Oui, les outils d’automatisation vont continuer à bouleverser le quotidien des recruteurs.
Mais cette mutation ne signe pas la fin du métier — elle en trace les contours d’une nouvelle ère.

Le recruteur de demain ne sera pas remplacé par l’IA : il sera augmenté par elle.
Il saura l’utiliser pour éliminer les tâches à faible valeur ajoutée, tout en concentrant son énergie sur l’analyse, le conseil et la relation humaine.
Il ne passera plus ses journées à chercher, mais à comprendre — les enjeux, les contextes, les personnes.

💡 Du recruteur à l’architecte du talent

Les entreprises n’ont pas besoin de “plus” de recruteurs, mais de meilleurs recruteurs :
des professionnels capables de lire les signaux faibles, de piloter par la donnée et d’accompagner les dirigeants dans leurs décisions humaines.
Des profils hybrides, à la croisée du marketing, de la stratégie et de la psychologie.

Le recruteur de demain sera un architecte du talent, capable d’orchestrer l’IA, la data et l’intuition humaine pour construire les équipes qui font gagner.

🧭 En résumé

Faut-il encore recruter des recruteurs ?
➡️ Oui, mais plus pour exécuter.
➡️ Oui, mais plus pour “faire des entretiens”.
➡️ Oui, pour penser le recrutement comme un levier de croissance.

Les IA comme Comet ou ChatGPT automatiseront les gestes du métier.
Mais la responsabilité de choisir les bonnes personnes pour faire avancer le projet d’une entreprise restera, elle, fondamentalement humaine.C’est là toute la différence entre une machine qui trie des CV, et un recruteur qui fait grandir une équipe.

Le point de départ d’un recrutement réussi

Le marché du recrutement n’a jamais été aussi exigeant.

En 2024, plus de 11,4 millions d’offres d’emploi ont été publiées en France d’après France Travail. Pourtant, une sur deux reste difficile à pourvoir.
Le problème ne vient pas toujours du manque de candidats, mais souvent de la fiche de poste elle-même : floue, mal ciblée ou déconnectée du besoin réel.

👉 Une fiche de poste mal rédigée, c’est un recrutement mal engagé.

C’est elle qui oriente toute la chaîne : définition du besoin, stratégie de sourcing, qualité des candidatures, et in fine, réussite du recrutement.
Une mission imprécise, un titre mal choisi, des attentes irréalistes… et c’est tout le processus qui s’enraye.

💸 Les conséquences sont lourdes : un recrutement raté coûte entre 30 000 et 150 000 euros, selon le niveau de responsabilité. À cela s’ajoutent la perte de temps, la démotivation des équipes et l’impact sur la marque employeur. Face à ce constat, Muzzo a choisi d’agir à la source. Avec l’Auditeur de Fiche de Poste, un assistant IA, les recruteurs peuvent désormais identifier les points faibles de leurs annonces, corriger les biais de formulation et rédiger des offres plus claires, plus attractives et plus performantes.


La fiche de poste : un levier souvent négligé

C’est le premier point de contact entre l’entreprise et le futur talent. Pourtant, trop d’annonces souffrent des mêmes défauts :

  • missions floues ou trop génériques,
  • titre peu attractif,
  • compétences interminables ou hors sujet,
  • biais de genre ou d’âge dans la formulation.

➡️ Résultat : candidatures non pertinentes, processus plus longs, perte de temps pour tout le monde.

Ce qui devrait être un outil stratégique devient une formalité administrative, souvent un simple copier-coller d’annonces, parfois obsolètes.


L’Auditeur de Fiche de Poste Muzzo

⚙️ Un fonctionnement intuitif

L’Auditeur de Fiche de Poste est un outil gratuit, en ligne et accessible à tous. 

En quelques secondes :

  • Importez votre fiche ou copiez-la dans l’interface,
  • L’IA analyse selon notre standard qualité et les normes réglementaires,
  • Vous recevez un rapport avec :
    • liste des écarts au standard,
    • recommandations concrètes,
    • suggestion de fiche améliorée.

🧠 Un outil nourri par le terrain

Notre IA s’appuie sur des milliers de cas réels issus des missions menées par Muzzo depuis 2022. Les recommandations sont basées sur des observations terrain : formulation, structure, tonalité, attractivité.

⚖️ Déjà conforme à la future réglementation

L’Auditeur intègre les obligations légales à venir sur la transparence salariale (2026).

Il signale les offres sans mention de rémunération ou présentant des formulations discriminantes.

➡️ En quelques clics, vous obtenez une fiche plus claire, mieux positionnée, plus lisible, et directement exploitable par les chasseurs de tête.

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Et découvrez comment quelques ajustements peuvent transformer vos recrutements.

Quand on parle de Lean, on pense immédiatement aux usines japonaises de Toyota. Une philosophie industrielle devenue célèbre pour avoir transformé la production mondiale. Mais ce que l’on sait moins, c’est que ses principes dépassent largement les chaînes d’assemblage.

Né dans les usines Toyota au Japon, le Lean est à la fois une philosophie de gestion et une méthode d’apprentissage organisationnel. Son objectif est double : maximiser la valeur créée pour le client tout en éliminant le gaspillage — ce que les Japonais appellent muda. Pour y parvenir, le Lean repose sur deux piliers fondamentaux : le Just in Time, qui consiste à produire uniquement quand le besoin se manifeste, et le Jidoka, c’est-à-dire l’amélioration continue au service de la qualité. Plus qu’un simple cadre méthodologique, le Lean vise à développer les compétences des individus afin qu’ils soient capables d’identifier ce qui apporte de la valeur, de standardiser les bonnes pratiques et de corriger rapidement les dysfonctionnements. En ce sens, il dépasse la logique industrielle et s’applique à tout type d’organisation, avec comme finalité la satisfaction durable du client et la performance collective.

Résultat : des processus plus rapides, plus fluides et surtout plus pertinents.

Si les recruteurs savent une chose, c’est que les erreurs de casting coûtent cher. Le Lean propose une démarche visant à éliminer les gaspillages pour se concentrer sur l’essentiel – faire matcher les bons talents avec les bons besoins.


Les outils Lean adaptés au recrutement

Transposé au recrutement, le Lean se révèle redoutablement efficace. Pourquoi ? Parce que les processus d’embauche concentrent souvent une part importante de gaspillage. Et c’est justement le principe fondateur du Lean : le Muda, qui consiste à chasser le gaspillage pour maximiser la valeur créée.

Par nature, un processus de sélection génère beaucoup de “déchets” : de nombreux candidats avancent dans le pipeline, mais seul un petit nombre est finalement embauché. Ce fonctionnement crée mécaniquement beaucoup d’énergie dépensée pour peu de résultats.

Observer le terrain : le Gemba

Le premier réflexe Lean est d’aller sur le Gemba, c’est-à-dire “voir sur le terrain”. Dans une usine, cela signifie se rendre là où la valeur est produite. En recrutement, c’est exactement la même logique : analyser des cas réels, décortiquer des candidatures ou des entretiens précis pour comprendre ce qui s’est passé et pourquoi. Observer le terrain, c’est accepter de regarder la réalité dans toute sa complexité et pas seulement les chiffres de reporting.

Travailler sur les “pièces”

Dans l’industrie, une pièce est le point de départ de toute amélioration. Appliqué au recrutement, une “pièce” peut être par exemple une candidature. On les compare en fonction de variables communes : durée du process, nombre d’entretiens, source de la candidature, interlocuteurs rencontrés, etc.

Pourquoi cette approche est-elle centrale ? Parce que le but premier reste la satisfaction client. Pour un recruteur, cela veut dire :

  • satisfaire les managers/dirigeants, en leur présentant rapidement des candidats pertinents,
  • mais aussi satisfaire les candidats eux-mêmes, en leur offrant un processus fluide et une expérience positive.

Travailler sur les pièces, c’est donc la base : chaque candidature devient une opportunité d’évaluer ce qui apporte de la valeur, et d’écarter au plus tôt ce qui n’en apporte pas.

Un point clé consiste à distinguer deux types d’échecs :

  • les échecs “normaux” : un candidat ne correspond pas au poste, ce qui est logique dans un process sélectif ;
  • les échecs “anormaux” : un candidat aurait dû être stoppé bien plus tôt.

Or, dans certaines entreprises, moins de 5 % des candidats rencontrés finissent par être recrutés. Cela peut être le signe d’une sélectivité extrême… mais le plus souvent, c’est surtout la preuve que le processus contient énormément de gaspillage.

Valoriser les réussites et corriger les erreurs

Pour progresser, le Lean distingue deux catégories :

  • Les bacs verts : les candidatures réussies. Elles illustrent ce qui fonctionne, ce qu’il faut reproduire, transmettre et standardiser dans l’équipe. Ce sont vos “recettes qui marchent”.
  • Les bacs rouges : les candidatures ratées. Mais au lieu de les considérer comme de simples échecs, le Lean les transforme en opportunités d’apprentissage. Chaque bac rouge doit être analysé : pourquoi ce candidat est-il allé trop loin dans le process ? Quelle étape aurait pu permettre de détecter plus tôt l’inadéquation ? Comment éviter de reproduire la même erreur ?

Résoudre les problèmes : PDCA et PISCAR

Le Lean propose des frameworks simples et puissants pour transformer chaque échec en levier de progrès. Le plus connu est le PDCA (Plan – Do – Check – Act), mais il existe aussi le PISCAR, particulièrement adapté au recrutement.

Le principe est clair : un PISCAR doit s’appliquer à chaud, sur un cas concret et précis, pas sur des analyses trop macroscopiques.

Le PISCAR est un outil issu du Lean, directement inspiré de la roue de Deming (PDCA : Plan – Do – Check – Act). Son principe est simple : analyser un problème immédiatement, tant que les informations sont fraîches, et transformer cette analyse en actions concrètes. Là où le Kaizen travaille sur l’amélioration continue et long terme, le PISCAR est une réaction rapide, appliquée à chaud.


Un PISCAR se déroule en six étapes :

1. Problème
On commence par définir clairement le problème comme un écart négatif à un standard. Exemple en recrutement : un candidat avance jusqu’en short list, mais vous réalisez après coup que vous n’avez pas validé une compétence clé.

2. Impact
L’étape suivante consiste à mesurer l’impact du problème pour le prioriser. Combien de temps perdu ? Quel coût en euros ? Quel risque pour l’équipe ? Dans notre exemple, il peut s’agir d’une semaine de process gaspillée, avec un manque à gagner pour le business.

3. Situation idéale / Standards existants
On décrit ensuite la situation idéale ou les standards attendus. Ici, ce serait : un process où toutes les compétences critiques sont évaluées dès le premier entretien. Cette étape évite de foncer tête baissée et permet de comparer la réalité à ce qui devrait se passer.

4. Causes
C’est le cœur du PISCAR : identifier les causes profondes du problème. On utilise souvent la méthode des “5 pourquoi” pour ne pas s’arrêter à la première explication superficielle. Par exemple :

  1. Pourquoi la compétence n’a pas été validée ? → Parce qu’aucune question technique n’a été posée.
  2. Pourquoi ? → Parce que le guide d’entretien ne le mentionnait pas.
  3. Pourquoi ? → Parce que le guide n’est pas standardisé selon les postes.

5. Actions
À partir des causes identifiées, on définit des actions correctives immédiates, avec des responsables et des deadlines. Exemple : mettre à jour le guide d’entretien d’ici la fin de semaine et former les recruteurs à son usage.

6. Résultats
Enfin, on fixe les résultats attendus et mesurables. Cela peut être : zéro oubli sur les compétences critiques dans les trois prochains recrutements. Ces indicateurs permettent de vérifier rapidement si l’action a réellement corrigé le problème.


Ce qui rend le PISCAR puissant, c’est sa réactivité. On ne se contente pas d’analyser une fois par an pourquoi des recrutements ont échoué. On agit immédiatement, au plus près du terrain, pour éviter que l’erreur se reproduise dès le lendemain.


Processus plus courts & meilleure satisfaction : la promesse du Lean

L’un des enseignements majeurs du Lean appliqué au recrutement est de réduire au maximum la durée des process. En théorie, le scénario idéal serait simple : identifier un candidat, organiser ses entretiens dans la journée et obtenir son accord dès le lendemain. Dans la réalité, c’est presque impossible. Mais tendre vers cet objectif reste essentiel, car plus un process est long, plus le risque de perdre des candidats (et de générer du gaspillage) augmente.

Chaque étape doit donc être questionnée :

  • Comment sourcer plus efficacement ?
  • Comment limiter le nombre d’entretiens à l’essentiel ?
  • Comment s’assurer que les tests ou évaluations soient placés au bon moment, pour éviter de découvrir trop tard qu’un candidat n’est pas au niveau attendu ?

Un exemple concret illustre bien cette logique : recruter un ingénieur IA dont les compétences techniques ne sont testées qu’au deuxième entretien. Si l’évaluation révèle un écart de niveau trop important, tout le temps investi jusque-là est perdu. Un simple test préliminaire d’algorithmie aurait permis d’écarter le candidat plus tôt et de gagner en efficacité.

Le Lean invite donc à prendre du recul après chaque candidature. Que le candidat soit recruté ou non, deux questions doivent guider l’analyse :

  1. Qu’est-ce qui a fait que ce candidat a été retenu ?
  2. Si la candidature a échoué, aurait-on pu le détecter plus tôt ?

Derrière ces réflexes se cache un objectif central du Lean : la satisfaction client.

Dans le recrutement, elle peut se mesurer à plusieurs niveaux :

  • les managers et dirigeants, qui attendent des recrues rapidement opérationnelles et adaptées à leurs besoins ;
  • les candidats, pour qui un process fluide, clair et respectueux compte autant que l’offre finale.

Pour objectiver cette satisfaction, des questionnaires post-process peuvent être déployés :

  • auprès des managers, pour évaluer la pertinence du recrutement, la qualité de l’intégration et la performance des nouvelles recrues ;
  • auprès des candidats, pour juger la clarté du process, l’efficacité des entretiens, la cohérence entre la promesse faite et la réalité vécue lors de l’onboarding.

Ces retours sont essentiels. Ils permettent non seulement d’évaluer la qualité d’un recrutement, mais aussi d’identifier les points d’amélioration dans le sourcing, la conduite des entretiens ou l’expérience candidat. En somme, c’est une manière concrète de transformer chaque process en apprentissage, pour recruter plus vite, mieux et avec moins de gaspillage.


Devenir “artisan du recrutement” grâce aux standards et aux KPI

Le recrutement doit être vu comme un flux : une entrée (les candidatures), une sortie (les embauches) et, entre les deux, une série d’étapes qui constituent le processus. Pour gagner en efficacité, chaque étape doit être structurée et dotée de standards : comment bien conduire un entretien, comment mener un call de qualification, comment formuler une proposition… Ces repères garantissent la qualité et permettent de transmettre un véritable savoir-faire.

Mettre en place des standards ne signifie pas figer les pratiques. Au contraire : ils sont vivants et évolutifs. Ils s’enrichissent au fil des apprentissages et s’adaptent aux changements du marché comme aux besoins de l’entreprise. Ce sont les membres de l’équipe eux-mêmes qui doivent les prendre en main et les améliorer en continu.

Le suivi des métriques est également essentiel. Deux axes dominent :

  • le lead time : combien de temps un candidat passe-t-il dans le process ? Les meilleures pratiques montrent que la probabilité de succès chute fortement au-delà de trois semaines (hors postes de direction). Définir des standards par étape – par exemple, pas plus de 5 jours entre le call de qualification et le premier entretien, 72h maximum entre le premier et le dernier entretien, 48h pour formuler une proposition – permet de garder un rythme optimal.
  • la qualité : mesurée par des taux de transformation. Combien de candidats passent du call au premier entretien ? Du premier entretien à la proposition ? Combien d’offres sont acceptées ?

Ces indicateurs, combinés à l’analyse régulière des bacs verts (succès) et des bacs rouges (échecs), permettent d’apprendre vite. Loin d’être chronophage, cette démarche se résume souvent à quelques minutes d’analyse après un process raté, mais elle évite de répéter les mêmes erreurs. Résultat : l’équipe gagne en expertise et en temps sur le long terme.

Le but n’est pas seulement de bien recruter une fois, mais de répéter un geste de qualité à grande échelle. C’est cette capacité à conjuguer excellence et rapidité qui fait de vous de véritables artisans du recrutement… capables de passer des processus à l’échelle.


Conclusion

Le Lean, né dans les usines Toyota, n’est pas qu’un modèle industriel : c’est une véritable philosophie de gestion, et son application au recrutement en démontre toute la puissance. Chasser le gaspillage, réduire les délais, analyser les réussites comme les échecs, instaurer des standards évolutifs… autant de leviers qui permettent de transformer un processus souvent perçu comme lourd et coûteux en un flux fluide, précis et générateur de valeur.

Au-delà des outils, l’enjeu est double : gagner en efficacité opérationnelle et élever la satisfaction client – qu’il s’agisse des managers, des dirigeants ou des candidats eux-mêmes. Le Lean nous invite à voir chaque candidature comme une pièce à analyser, chaque étape comme une opportunité d’apprentissage. C’est en capitalisant sur ces enseignements que l’on construit un recrutement à la fois plus rapide, plus qualitatif et plus humain.

En fin de compte, appliquer le Lean au recrutement, c’est adopter un état d’esprit : celui de l’amélioration continue. Recruter ne se résume plus à remplir un poste, mais à bâtir un système capable de répéter l’excellence, de manière scalable. C’est ce qui distingue les organisations qui subissent leurs recrutements de celles qui deviennent de véritables artisans du recrutement, agiles, performantes et imbattables sur leur marché.

Aujourd’hui, parlons d’un outil aussi visuel qu’efficace pour mieux comprendre sa cible de recrutement : le Radar ou diagramme en araignée


Le nom intrigue, mais l’idée est simple. Si vous faites du marketing, si vous avez déjà fait des tests de personnalité,  ou si vous jouez à des jeux vidéo de football ou RPG, vous voyez sans doute de quoi il s’agit.

Diagramme Radar d’un personnage fictif de RPG

Au centre se trouve la valeur 0. Aux extrémités des axes, la valeur maximale est souvent 100. En reliant les points et en coloriant l’aire ainsi formée, on obtient une représentation visuelle claire de données complexes.

Nous allons voir que dresser le portrait Radar de vos collaborateurs permet à la fois d’optimiser le taux de conversion de votre processus de recrutement et d’augmenter le volume de candidats en entrée de funnel


Radar : visualiser ce qui fait vibrer vos candidats

Si vous recrutez régulièrement un même type de profil, il est primordial de comprendre ce qui attire – ou au contraire, ce qui freine – les candidats.

La méthode que je vous propose consiste à mener une recherche terrain auprès des derniers salariés recrutés par votre entreprise, puis à représenter les données collectées sous forme de Radar. L’objectif est simple : identifier les “préférences clients” … en considérant ici que votre client est le candidat.

Voici quelques exemples de questions à inclure dans votre questionnaire, à personnaliser selon votre contexte personnel : 

  • Sur une échelle de 0 à 10, quelle image aviez-vous de l’entreprise avant de postuler ?
    • 0 : très mauvaise
    • 10 : excellente
  • Comment avez-vous entendu parler de nous ?
    • 0 : je n’avais jamais entendu parler de l’entreprise avant que vous me contactiez
    • 5 : dans les médias (presse, internet, pub…)
    • 7 : via une intervention / conférence donnée par un de vos collaborateurs  
    • 10 : par un ami ou un proche
  • Sur une échelle de 0 à 10, comment évaluez-vous la clarté du processus de recrutement ?
    • 0 : très flou
    • 10 : parfaitement clair
  • Sur une échelle de 0 à 10, qu’avez-vous pensé de la rapidité entre les étapes du processus ?
    • 0 : trop lent
    • 5 : acceptable
    • 10 : très rapide
  • Sur une échelle de 0 à 10, le poste correspond-il à ce qui avait été décrit lors du recrutement ?
    • 0 : pas du tout
    • 5 : partiellement
    • 10 : parfaitement
  • À quel point la culture de l’entreprise telle que vous la percevez a pesé dans votre décision de rejoindre l’entreprise ?
    • 0 : pas du tout
    • 5 : moyennement
    • 10 : critère décisif

  • Quelle importance accordez-vous aux éléments de rémunération et avantages dans votre choix final ?
    • 0 : sans importance
    • 5 : un critère parmi d’autres
    • 10 : critère déterminant

Une fois les réponses collectées, attribuez des scores moyens par dimension et placez-les sur un diagramme Radar. Cela permet de visualiser immédiatement les points forts perçus par vos nouvelles recrues, les axes d’amélioration, et leurs facteurs de motivation.

Diagramme Radar d’un collaborateur-type

Vous pouvez ainsi :

  • Affiner vos critères de sourcing.
  • Miser sur les canaux d’acquisition qui fonctionnent le mieux.
  • Personnaliser vos fiches de poste et messages de sourcing pour mettre en valeur les critères qui font la différence aux yeux des collaborateurs.
  • Corriger les éventuels défauts identifiés dans le processus d’entretiens (par exemple, un problème de rapidité apparaît dans le graphique ci-dessus).

Aligner image perçue et image souhaitée

Le Radar ne sert pas seulement à identifier ce qui attire vos candidats : il vous permet aussi de vérifier comment votre entreprise est réellement perçue… et d’agir en conséquence.

Quelles valeurs vous associe-t-on ? Sont-elles en phase avec vos valeurs officielles ? Que pensent trouver les candidats chez vous ; et cela correspond-il à la réalité ? Ces questions sont essentielles pour affiner votre marque employeur et vos messages.

Prenons un exemple : si les Radars issus de vos questionnaires révèlent que la majorité des candidats vous rejoignent pour votre organisation irréprochable, mettez ce point en avant dans vos communications, vos campagnes de sourcing et vos entretiens.
À l’inverse, si vous êtes persuadé que cette force vous distingue mais que cela ne ressort pas du tout, testez une communication plus appuyée sur ce sujet pour mesurer l’impact.

Autre scénario : vos candidats vous perçoivent comme une référence sectorielle, attirés par la qualité des profils qui travaillent chez vous. Dans ce cas, mettez en lumière vos experts : interventions en conférences, tribunes, articles… Plus vous valoriserez ces talents, plus cette perception positive se renforcera.

Et vous observerez des effets bénéfiques sur le nombre et la qualité des candidats qui postulent chez vous. 

De plus, en actualisant régulièrement votre Radar – tous les 6 mois ou tous les ans – vous captez les évolutions de perception, même si votre politique RH ou votre communication n’ont pas changé. Car l’image que vous renvoie le marché peut évoluer… et il est crucial de rester aligné avec les candidats que vous voulez attirer.

En somme, le Radar devient un outil de pilotage de votre image employeur : il vous aide à comprendre en profondeur les motivations qui poussent un candidat à vous rejoindre… et à ajuster votre stratégie pour que ces motivations soient toujours en phase avec votre vision.


Un avantage compétitif

Dans un marché de l’emploi de plus en plus concurrentiel, mieux connaître ses candidats est un avantage décisif.

Le Radar n’est pas qu’un simple outil visuel : c’est un véritable levier stratégique. Il vous permet d’identifier ce qui séduit votre cible, de vérifier si votre image employeur correspond à la réalité perçue… et d’ajuster vos messages pour attirer les talents qui partagent vos valeurs.

Adopté dans une logique continue – avec des mises à jour régulières – il devient un baromètre précieux qui alimente vos actions de recrutement, affine vos campagnes de sourcing et renforce votre marque employeur.

En résumé : un Radar bien exploité, c’est la garantie d’être toujours en phase avec ceux que vous voulez voir rejoindre vos équipes. Et dans le recrutement, cet alignement peut faire toute la différence.

On considère souvent qu’un recrutement est réussi quand le candidat signe un contrat ou une promesse d’embauche. C’est généralement à ce moment-là que l’on sabre le champagne, et c’est compréhensible. En réalité, des désistements peuvent survenir avant même l’arrivée dans les effectifs ou durant les premières semaines de prise de poste.

Pour les recruteurs qui ne l’ont jamais vécu, c’est un choc encore plus dur à encaisser qu’un refus d’offre. Cela crée de l’incompréhension, un vrai coup à l’ego… et surtout beaucoup de gaspillage.

Bon nombre de ces désistements sont évitables. Dans cet article, je partage des leviers simples et concrets pour sécuriser cette phase critique entre la promesse d’embauche et la fin de l’onboarding.


1. Sécuriser le “preboarding” : de la promesse d’embauche à la prise de poste

Le temps joue contre vous : plus l’arrivée est lointaine, plus le risque est élevé.

Plus le délai entre la signature et l’arrivée effective dans l’entreprise est long, plus le risque que le candidat se désiste augmente. 

Le candidat est attendu dans une semaine ? Le risque zéro n’existe pas, mais il reste faible. 

En revanche, attendre trois mois, c’est laisser le temps à bien des choses de changer : contre-offres, doutes, évolutions personnelles…

Comme souvent en recrutement, le temps est l’ennemi de la réussite. Il faut donc réduire le “lead time” autant que possible ou, à défaut, maintenir un lien actif jusqu’au jour J.

Aider à négocier un départ plus rapide

Parfois, le candidat n’ose pas demander à réduire son préavis.

Dans ce cas, n’hésitez pas à l’accompagner : aidez-le à formuler une demande, proposez-lui un angle de négociation.

S’il quitte son entreprise, c’est qu’il n’y est probablement plus épanoui.

Plus l’arrivée est rapide, plus la dynamique d’engagement est préservée, et meilleures sont les chances de réussite de l’intégration.

Maintenir un lien actif pendant le preboarding

Un bon moyen de maintenir le lien est de mettre en place un programme de suivi personnalisé jusqu’à l’arrivée du candidat. La période de préavis ne doit pas devenir un trou noir relationnel

Voici quelques leviers simples à activer :

  • Le futur manager peut proposer un café, un déjeuner ou instaurer des points de contact réguliers.
  • Le candidat peut être invité à des événements d’entreprise (afterworks, séminaires, offsites…). Cela reste à manier avec précaution : tout dépend de votre ressenti, de la dynamique d’équipe, et de la personnalité du futur collaborateur.
  • L’entreprise peut envoyer des newsletters internes, un welcome pack, ou des documents pour favoriser la projection.
  • Une rencontre informelle avec l’équipe autour d’un déjeuner ou d’un café permet aussi au candidat de se projeter et de créer du lien.

Pourquoi ces moments comptent ? Parce qu’un candidat peut avoir plusieurs processus en parallèle. Entre-temps, des doutes peuvent s’installer, de nouvelles questions émerger ou des changements de vie peuvent survenir.

Chaque point de contact rassure, entretient la relation, et renforce l’engagement. C’est aussi la preuve de votre sérieux, du fait que votre entreprise est structurée, et que l’accompagnement humain est une priorité.

Le bon réflexe ? Prévoir un calendrier de suivi avec 2 à 3 rendez-vous répartis entre l’acceptation de l’offre et l’arrivée du candidat.

Comment réagir si le candidat reçoit une contre-proposition de son employeur actuel ?

C’est un classique : à l’annonce du départ, l’employeur actuel sort la carte de la contre-offre, souvent sur le plan salarial et parfois avec une promesse de changement de rôle.

Dans ce cas, revenez avec le candidat aux raisons profondes de son départ

Le salaire n’est souvent que la surface du problème. Si le candidat se laisse convaincre uniquement par une revalorisation, c’est qu’il vous rejoignait pour de mauvaises raisons. Le cas échéant, vous pouvez simplement expliquer que votre politique salariale permet une progression plus rapide que dans l’entreprise actuelle, mais évitez de rentrer dans une contre-négociation.

Si la contre-offre porte sur le rôle ou une promotion, posez cette question : pourquoi cela n’a-t-il pas été proposé plus tôt ? Son employeur actuel est-il sincère… ou est-ce simplement un réflexe défensif de dernière minute ?


2. Sécuriser l’onboarding : éviter un désistement pendant les premières semaines en poste

Manager fit

Un motif fréquent de désistement est la mauvaise entente avec le futur manager.

Pour anticiper :

  • Impliquez le manager le plus tôt possible dans le processus de recrutement.
  • Organisez une rencontre informelle, même rapide, avant la prise de poste.
  • Appuyez-vous sur les informations récoltées en entretien pour évaluer la compatibilité manager-candidat.

Une incompatibilité avec le manager, ce n’est pas un simple souci d’intégration : c’est un échec programmé.

Culture fit

Si votre culture d’entreprise se démarque fortement de celle de l’employeur précédent, il est probable que le candidat ressente un choc lors de la prise de poste. 

Pour le préparer en douceur, la semaine qui précède son arrivée constitue le moment idéal pour lui envoyer : 

  • Un welcome pack digital ou physique.
  • De la documentation sur l’entreprise.
  • Des contenus sur l’histoire, les valeurs, la culture, le business model.

Ces éléments favorisent l’engagement et créent un sentiment d’appartenance dès les premiers jours.

Des objectifs et des moyens clairs

Dès les premiers jours de l’onboarding, votre nouvelle recrue doit obtenir une vision claire de ce que l’on attend d’elle, avec quels moyens et sous quels délais. 

Un bon onboarding repose sur une clarification des attentes dès le départ. Que faut-il avoir accompli à la fin de la période d’essai ? Quels sont les critères de validation ? Quelles conditions justifieront une non-reconduction, ou au contraire, une validation anticipée ?

Cette clarification peut passer par des KPI chiffrés, mais aussi par des retours qualitatifs.

Mon conseil : créez une checklist d’onboarding pour vous assurer que tous les éléments importants pour vous sont bien couverts.

Cette checklist devient un contrat moral, et la transparence autour de ce contrat favorise la confiance et l’engagement.

Certaines entreprises vont très loin dans la structuration. C’est le cas de HubSpot, qui propose à ses nouvelles recrues une série de mini-tests pour valider l’acquisition des connaissances (outils, méthodes, culture).

Cette approche peut sembler scolaire, mais elle a deux avantages :

  • Pour la recrue : savoir où elle en est dans sa montée en compétences.
  • Pour l’entreprise : détecter rapidement les signaux faibles.

C’est un cadre rassurant pour les deux parties.

Même sans tests formels, vous pouvez en tirer une leçon : rythmez l’onboarding avec des points d’étape clairs, des entretiens de suivi, et des objectifs progressifs.


Un dernier conseil…

Sécuriser l’arrivée d’un candidat n’a rien à voir avec la chance. C’est une démarche humaine, proactive et structurée. Réduire les délais, entretenir le lien, impliquer les managers, créer des connexions humaines, poser un cadre clair : voilà les leviers clés.

Mon dernier conseil : Mettez vos candidats en relation avec quelqu’un qui leur ressemble, le plus tôt possible.

Ce contact privilégié peut être un membre de l’équipe qui partage une formation, un parcours, une localisation ou une passion commune.


Par exemple : si vous recrutez un développeur formé à l’École 42, mettez-le en contact avec un développeur interne ayant suivi la même école.

Organisez un court échange “off”, où le candidat pourra poser les questions qu’il n’ose pas formuler au recruteur ou au manager : rythme de travail, charge mentale, équilibre vie pro/vie perso, réalité terrain…

Ce type de lien joue sur les ressorts de la cooptation : confiance, proximité, identification. Et les effets sont puissants :

  • Augmentation des taux d’acceptation de propositions.
  • Meilleure réussite pendant la période d’essai.
  • Intégration accélérée grâce à ce repère humain dans l’entreprise.

⚠️ À éviter évidemment avec une personne sur le départ.

Mais bien utilisé, ce levier change la donne, car il transforme une relation RH en relation humaine. Et c’est souvent ce qui fait toute la différence.

Vous aviez rencontré LE bon candidat, il avait brillamment réussi ses entretiens, vous étiez sûr de sa motivation… et tout s’est effondré quand il a refusé votre proposition d’embauche.

Quel gâchis.

Mais est-il possible d’atteindre 100 % de propositions d’embauche acceptées ?

On peut s’en approcher ! Les meilleures équipes de recrutement sont au-dessus de 90 %, et leur performance est loin d’être le fruit du hasard. Pour atteindre ces résultats, il faut travailler sur trois leviers essentiels :

  • la connaissance du candidat
  • l’alignement sur son ambition
  • l’art de bien faire la proposition.

Dans cet article, je vous partage la méthode que j’utilise au quotidien afin de maximiser vos chances de voir vos offres acceptées.


1. Premier levier : la DATA

Tout commence par une conviction : plus vous connaissez un candidat, plus vous augmentez vos chances de le convaincre.

Pendant un processus de recrutement, chaque échange est une opportunité de collecter des informations. La donnée est précieuse, car elle permet :

✅ d’identifier les forces et les axes d’amélioration du candidat,
✅ de lui proposer un rôle qui lui correspond,
✅ et surtout, de lui donner une vision claire de sa place dans l’entreprise.

Projeter le candidat, c’est la clé. Vous devez être capable de lui expliquer quel sera son rôle dans l’équipe, quelles compétences il développera, et quel chemin il pourra parcourir. Cette projection crée un double sentiment de sécurité et de motivation.

Pour réussir votre proposition d’embauche, vous ne pouvez donc pas vous limiter à quelques notes prises en vrac. Il faut vous appuyer sur des données solides avec des critères précis définis en amont, et une synthèse des données collectées par les différents intervieweurs.

Si vous avez lu nos articles précédents, ces dernières lignes feront écho à un outil indispensable : la Scorecard (voir l’article associé ici)

La Scorecard est votre boussole. Elle structure la collecte d’informations tout au long des entretiens. Elle aide à transformer des impressions floues en critères concrets et à identifier les forces et les axes de progression du candidat. La Scorecard vous permet donc de préparer le futur du candidat dans votre entreprise. Elle n’est pas seulement un outil de sélection, mais aussi un outil de projection. Elle sert à construire un plan d’évolution individualisé, en fonction des compétences déjà acquises et de celles qu’il faudra développer. Et c’est en présentant ce plan au candidat que vous marquerez des points.

Et pour les profils seniors ?

La donnée est tout aussi essentielle pour des candidats très expérimentés. Bien sûr, plus un talent est senior, plus il arrive avec son propre savoir-faire et sa vision. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’a plus rien à apprendre.

En réalité, les meilleurs talents ont toujours soif de nouveauté, de challenge et d’apprentissage, peu importe l’âge et le niveau de séniorité.

Mon conseil : ne vous mettez jamais de barrières. Même pour des profils très seniors, proposez des axes de progression et montrez ce qu’ils peuvent apprendre.


2. Deuxième levier : mesurer l’ambition du candidat

Pourquoi identifier l’ambition du candidat est absolument essentiel ? Parce que l’ambition conditionne tout :

  • le niveau d’implication que la personne est prête à donner,
  • son acceptation des exigences spécifiques à votre entreprise
  • et sa capacité à s’épanouir dans le projet que vous lui proposez.

Une proposition d’embauche désalignée avec l’ambition du candidat, c’est l’échec assuré. Si l’ambition du candidat est plus haute que ce que vous pensiez offrir, revoyez votre offre à la hausse (si possible). Et si son ambition est inférieure à vos attentes, c’est le signe qu’il ne faut pas lui faire d’offre du tout !

Une erreur fréquente consiste à vouloir séduire des candidats “prestigieux” sur le papier, sans vérifier si leur ambition correspond réellement à celle de l’entreprise. Je l’ai observée dans de nombreuses start-ups soutenues par des fonds de venture capital, et je l’ai moi-même faite ! Pour la start-up à la recherche de ses premiers salariés clés, un beau logo ou une belle école sur le CV rassurent énormément. Elle recrute alors des profils brillants, mais désalignés avec la réalité du quotidien. Si votre situation exige un engagement fort avec des horaires conséquents, du présentiel au bureau, et une pression liée à la nécessité de réussir vite, vous devez absolument apprendre à évaluer l’ambition entrepreneuriale. À défaut, vous allez vous trouver avec des candidats qui déclinent les offres ou quittent l’entreprise rapidement après leur arrivée.

La règle est simple : si votre ambition et celle du candidat ne coïncident pas, il vaut mieux ne pas faire de proposition. Cela évite des refus… et surtout des recrutements ratés.


3. Troisième levier : l’art de faire la proposition

Vous avez collecté la donnée. Vous êtes aligné sur l’ambition. Il vous reste l’étape la plus délicate : faire la proposition.

Car une proposition d’embauche, ce n’est pas juste une ligne de salaire sur un papier. C’est un moment où se joue tout le futur de la relation.

Je la divise systématiquement en deux phases :

  • Comment annoncer au candidat qu’il va recevoir une proposition
  • Comment faire la proposition elle-même

Comment annoncer la proposition ?

À ce stade, la motivation du candidat doit être à son maximum. Sinon, c’est qu’il y a eu un problème plus tôt dans le processus.

Premier réflexe : décrochez votre téléphone, n’envoyez pas simplement un e-mail. C’est le moment où il faut créer un lien humain et émotionnel. 

Quand j’appelle, je commence toujours par prendre le pouls :

  • Comment se sent-il à l’idée de rejoindre l’entreprise ?
  • Qu’a-t-il retenu du processus ?
  • A-t-il appris des choses intéressantes pendant ses entretiens ?

Ensuite, je prépare l’annonce en créant un léger suspens :

« J’aimerais te partager nos retours sur ton parcours… »

Je débriefe chaque entretien, je parle des forces observées, des éventuels axes d’amélioration, puis j’annonce la bonne nouvelle.

Important : faites-le avec enthousiasme et sincérité. Si vous êtes monotone ou administratif, vous risquez de casser la dynamique.


Comment faire la proposition elle-même ?

Une proposition ne se résume pas à un chiffre. C’est un moment d’échange, où l’on parle du futur.

Format idéal : présentiel ou visioconférence. Une proposition par email est trop impersonnelle.

Durée conseillée : 30 minutes à 1 heure.

Voici ma trame :

  1. Félicitez le candidat. Dites-lui pourquoi vous le trouvez unique, ce que vous avez apprécié dans son parcours, et pourquoi vous avez envie de l’avoir à vos côtés. Expliquez que les entretiens ont été exigeants, que vous avez mis la barre haute, et qu’il ou elle a relevé le défi. 
  1. Demandez-lui encore son ressenti. Même s’il s’est déjà exprimé, il ajoute souvent des nuances. C’est aussi l’occasion de récolter des axes d’amélioration pour votre processus de recrutement.
  2. Parlez de la vision. Expliquez le rôle que vous imaginez pour lui dans l’entreprise, les responsabilités qu’il pourrait prendre, l’impact qu’il peut avoir sur le projet global.
  3. Reliez tout. Faites le lien entre ses talents, son ambition, et les objectifs de l’entreprise. Montrez en quoi c’est le bon moment pour lui de vous rejoindre.
  4. Abordez la partie financière à l’embauche, mais aussi pour la suite de son parcours :
    • Salaire fixe et variable,
    • Modalités du bonus éventuel,
    • Processus d’évaluation (mensuel / trimestriel / annuel),
    • Perspectives d’évolution en termes de rôle et de salaire.

Expliquez l’onboarding. Donnez de la visibilité : durée, étapes, personnes qu’il rencontrera, ce qu’il va apprendre. L’objectif est de rassurer.

Ne négligez pas la suite

Après ce rendez-vous, envoyez toujours un email récapitulatif, avec :

  • la structure de rémunération,
  • le plan de progression,
  • la structure managériale,
  • tous les détails évoqués oralement.

Cela évite les malentendus et laisse une trace écrite.

Enfin, rappelez le délai imparti pour la réflexion et la date limite de l’offre. Cela cadre la décision et vous permet d’évaluer la motivation réelle du candidat.

Attention : le délai imparti pour la réflexion doit être annoncé clairement au candidat au début du processus (voir notre article sur le call de qualification).


Conclusion

Atteindre 100 % de propositions acceptées est une chimère. Mais viser les 90 % est une ambition réaliste si vous travaillez méthodiquement avec :

✅ une connaissance approfondie de chaque candidat,
✅ un alignement sur son ambition et ses valeurs,
✅ et un art de la proposition qui va bien au-delà d’un simple chiffre.

Tout se joue dès les premières interactions. Plus votre processus est structuré, transparent, et centré sur la relation humaine, plus vos chances d’aboutir à un “OUI” s’envolent.

La proposition d’embauche est le bouquet final d’un long parcours. Soignez-la, et vous récolterez plus que des signatures : vous créerez de véritables relations gagnant-gagnant.