De recruteur à acteur stratégique : les conseils de Louis Le Mouel pour réussir en Talent Acquisition 

Antoine Gigomas

Antoine Gigomas

Dans un marché où la compétition pour les talents s’intensifie, le rôle du recruteur a profondément évolué. Longtemps perçue comme une fonction de support, l’acquisition de talents s’impose désormais comme un levier stratégique de croissance. Face à des profils de plus en plus sollicités, le Talent Acquisition (TA) ne se contente plus de “gérer des process” : il contribue directement à la croissance et à la trajectoire de l’entreprise.

À la croisée du business, de l’humain et de la technologie, le recruteur moderne doit comprendre les métiers, incarner la culture et orienter les décisions.

Un bon TA n’est pas seulement quelqu’un qui trouve des profils, c’est quelqu’un qui fait grandir l’entreprise“, souligne Louis Le Mouel, Head of Talent Acquisition chez Vizzia.

L’arrivée simultanée de six nouveaux collaborateurs chez Vizzia, soit plus de 10 % de l’effectif, illustre selon lui à quel point chaque recrutement engage la dynamique collective.

“Recruter, c’est contribuer directement à la croissance de l’entreprise : un bon choix renforce l’élan, un mauvais peut le freiner durablement.”

Dans un contexte où l’intelligence artificielle automatise une partie du sourcing et de la qualification, la force du TA réside dans sa capacité d’écoute, d’analyse et de décision. Pour Louis Le Mouel, trois leviers guident les meilleurs recruteurs : l’impact, la performance et la conviction.


 1. Comprendre les enjeux du métier

Comme beaucoup, Louis Le Mouel n’avait pas prévu de devenir recruteur.

J’ai commencé un peu par hasard, raconte-t-il. C’était en 2018, dans une société de conseil où le recrutement faisait partie du parcours de carrière.”

Cette expérience l’amène à comprendre que le recrutement n’est pas un rôle d’exécution, mais un levier d’influence. Chaque décision compte : un recrutement réussi renforce la dynamique d’une équipe, tandis qu’un échec peut fragiliser l’organisation.

Un moment pivot dans une carrière de recruteur, c’est un recrutement raté. C’est là qu’on réalise vraiment l’impact qu’on peut avoir, positif ou négatif.

Cette prise de conscience structure la posture du TA : comprendre que son métier relie stratégie, culture et croissance, et qu’il engage bien plus que des compétences techniques.


2. Le déclic : viser la performance

Le tournant s’opère lorsque le recruteur cesse de se percevoir comme un accompagnant pour devenir un acteur de création de valeur. 

Un recruteur est un sales. Un job de performance, de closing, de score.

Adopter cette posture transforme la pratique : les entretiens deviennent des opportunités d’apprentissage, les échecs des données d’amélioration et chaque recrutement réussi une preuve de contribution concrète.

Chaque décision de recrutement représente une prise de risque, particulièrement dans les PME, où une arrivée peut peser significativement sur la dynamique interne. Le TA doit donc apprendre à équilibrer rapidité, justesse et exigence.

Ce changement de posture fait du TA un partenaire du business, capable d’analyser ses résultats et de démontrer l’impact concret de son action.


3. Méthodologie : recruter vite et bien

Pour concilier exigence et rapidité, Louis Le Mouel s’appuie sur une méthode inspirée du Lean, qu’il a progressivement structurée au fil de son expérience. Les meilleurs recruteurs se distinguent par une approche structurée et mesurable. Deux indicateurs sont essentiels :

  • Un délai moyen de décision de 15 jours, garant d’efficacité et de réactivité.
  • Un taux d’acceptation d’une offre proche de 90 %, signe d’un alignement solide entre le poste, le candidat et la culture d’entreprise.

Recruter vite ne signifie pas recruter dans la précipitation, mais décider lucidement et justement.” 

Un process performant s’appuie sur une compréhension claire du besoin, des critères partagés et une communication fluide entre recruteur et manager.
Cette exigence permet de concilier vitesse et qualité, en privilégiant la pertinence des décisions plutôt que le volume de candidatures. Le TA performant raisonne avant tout en contribution stratégique : il comprend le produit, la mission et les enjeux de son entreprise.


4. Les compétences clés du Talent Acquisition moderne

Le métier s’est profondément professionnalisé. Le recruteur moderne conjugue vision stratégique, compréhension des dynamiques d’entreprise et sens de la relation humaine.

Ces fondamentaux reposent sur quatre compétences majeures :

  • Compréhension business
    Le TA doit maîtriser les métiers et les enjeux de l’entreprise pour traduire un besoin opérationnel en critères de réussite. Cette vision le positionne comme un partenaire du management.
  • Écoute active
    La clé d’un recrutement réussi réside autant dans l’écoute des mots que dans celle des signaux faibles.

Ces qualités s’incarnent aussi dans la manière d’aborder la progression et la mesure des résultats :

  • Le discernement et la rigueur
    Un bon recruteur prend des décisions rapides et justes, sur la base d’éléments objectifs. Process, scorecards et feedbacks structurés renforcent la qualité du jugement.
  • Culture de la performance
    Les TA les plus performants mesurent, apprennent et ajustent. Ils considèrent l’amélioration continue comme un levier de progression, pas une fin en soi.

5. L’IA et l’évolution du métier

L’intelligence artificielle transforme la fonction sans en modifier la finalité. Sourcing automatisé, scoring, génération de messages ou de comptes rendus : ces outils accélèrent les processus et permettent au TA de se concentrer sur les décisions à forte valeur ajoutée.

Ce qui me prenait une demi-journée à sourcer, je peux le faire en une heure grâce à l’IA. Mais la décision, elle, reste humaine.”

L’IA redéfinit l’essence du métier : elle remplace les tâches répétitives, pas le jugement. Le Talent Acquisition devient chef d’orchestre, pilotant la technologie tout en préservant le sens et la cohérence humaine.

Les recruteurs qui réussissent ne sont pas ceux qui s’opposent à la machine, mais ceux qui savent l’utiliser pour renforcer leur capacité d’analyse et leur influence.


6. Accélérer sa carrière

Le recrutement offre une courbe d’apprentissage rapide et une grande exposition au business. Pour progresser, Louis Le Mouel recommande quatre leviers :

  • Choisir la bonne entreprise
    La progression d’un recruteur dépend avant tout de son environnement. Rejoindre une organisation où le recrutement est perçu comme un levier stratégique accélère l’apprentissage et la montée en compétence.
  • S’entourer et apprendre vite
    La progression passe aussi par le collectif. S’entourer de pairs exigeants, partager ses pratiques et accueillir les retours permet de progresser plus vite. Chaque succès comme chaque erreur devient une source d’apprentissage.
  • Intégrer l’IA dans ses pratiques
    Adopter tôt les outils d’automatisation permet de gagner en efficacité opérationnelle et de consacrer plus de temps à ce qui fait le cœur du métier : l’analyse, la décision et la relation humaine.
  • Recruter des profils inspirants
    Travailler sur des postes stimulants et exigeants nourrit la curiosité, entretient la motivation et élargit la compréhension du marché.

Réussir en Talent Acquisition, c’est comprendre mieux, apprendre vite et décider avec conviction.


7. L’erreur à éviter : le “closing à tout prix”

Dans un métier orienté résultats, la tentation de closer coûte que coûte peut être forte.

Le pire qu’on puisse faire, c’est pousser un candidat auquel on ne croit pas juste pour atteindre un objectif.”

Un recrutement forcé fragilise la confiance du candidat, du manager et du recruteur lui-même. L’excellence consiste à savoir dire non : à un profil désaligné, à une offre mal calibrée ou à une opportunité de court terme.

L’efficacité d’un recruteur se mesure moins à la quantité de postes pourvus qu’à sa capacité à garantir la qualité et la durabilité des recrutements. Cette exigence distingue les recruteurs centrés sur le court terme de ceux qui bâtissent des équipes durables.


Conclusion : Le Talent Acquisition, levier clé de la transformation des entreprises 

Le recrutement n’est plus une fonction de support : c’est un levier central de compétitivité et de culture d’entreprise.

À l’heure où l’IA accélère les processus et où la confiance devient la ressource la plus rare, le Talent Acquisition se réinvente en stratège du lien humain.

Parce qu’au fond, recruter, c’est construire l’avenir de l’entreprise, une personne à la fois.

Et c’est sans doute là que réside la véritable mission du Talent Acquisition : relier stratégie et humanité.

Antoine Gigomas

Antoine Gigomas

Antoine est le fondateur de Muzzo, la plateforme n°1 pour la chasse de têtes en France.

Avant Muzzo, il dirigeait les équipes de recrutement pour le Groupe Theodo. Son challenge de l’époque : recruter plus de 150 profils tech, commerciaux et C-level par an !

Cette expérience le pousse ensuite à créer Muzzo avec un objectif clair : réduire drastiquement les délais pour trouver et recruter le profil idéal.

Issu d'une formation littéraire et diplômé de l’ESCP Business School, Antoine s’est donné une mission : aider les entreprises à évoluer plus rapidement en accélérant leurs recrutements stratégiques.

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