Nous vivons dans un monde où la diversité en entreprise prend une place de plus en plus importante. Dans ce contexte, il est intéressant de constater que certaines fonctions semblent néanmoins être occupées majoritairement par des femmes ou des hommes.
Le secteur des ressources humaines (RH), en est une illustration frappante.
En effet, bien qu’il s’agisse d’une discipline qui englobe de nombreuses sous-fonctions essentielles à la gestion du personnel telles que le recrutement, la formation, l’administration du personnel ou encore la rémunération, on observe une surreprésentation des femmes dans ce domaine.
Mais pourquoi ? Décryptage.
Un constat chiffré : la répartition hommes-femmes dans le secteur des RH
Il s’agit tout d’abord de régler une question essentielle : est-ce que les chiffres confirment effectivement cette domination féminine dans les métiers de la gestion du personnel et de l’administration ?
La réponse est clairement oui.
En effet, les statistiques montrent qu’environ 75 % des postes dans les services RH sont occupés par des femmes, un chiffre qui peut même atteindre plus de 80 % selon certaines études.
Les stéréotypes de genre : une première explication ?
Plusieurs raisons peuvent expliquer la présence majoritaire des femmes dans les RH. Tout d’abord, les stéréotypes de genre ont longtemps associé certaines compétences professionnelles aux femmes et d’autres aux hommes. Ainsi, la gestion des relations humaines, considérée comme une qualité féminine, a pu conduire à une autocensure des hommes pour accéder à ces postes.
De la même manière, la perception du métier des RH comme étant moins technique ou ayant un faible lien avec la performance économique de l’entreprise peut avoir renforcé cette tendance.
Toutefois, plusieurs évolutions majeures sont venues bousculer cette vision :
- L’émergence d’un regard critique sur les stéréotypes de genre et les inégalités professionnelles a permis une meilleure compréhension des freins et leviers d’action pour une plus grande diversité dans les organisations.
- La prise de conscience de l’importance stratégique des ressources humaines, notamment à travers la gestion des talents, le développement des compétences et l’accompagnement au changement, a fait évoluer le métier vers des enjeux plus complexes et moins « genrés ».
- Enfin, la digitalisation des processus RH et la montée en puissance de l’analytique RH ont conduit à une réduction du fossé entre les disciplines techniques et les sciences humaines, rendant ainsi les métiers des ressources humaines plus attractifs aux yeux d’une population diversifiée.
Un domaine historiquement féminin ?
Au-delà des stéréotypes, la présence majoritaire des femmes dans les fonction RH peut également s’expliquer par un héritage historique. En effet, les missions dévolues aux ressources humaines sont issues, pour partie, des tâches traditionnellement confiées aux secrétaires et assistantes – des postes à prédominance féminine.
Cependant, il importe de rappeler que les compétences nécessaires pour exercer des fonctions RH sont variées et peuvent concerner aussi bien la stratégie, le management, l’innovation ou encore la finance.
Ainsi, la prévalence d’un parcours administratif des femmes n’est pas suffisante pour expliquer leur représentativité dans ce secteur.
Des opportunités de carrière attractives pour les femmes
Il est également possible que les femmes soient plus nombreuses dans les ressources humaines parce qu’elles y trouvent des opportunités de carrière intéressantes et adaptées à leurs aspirations professionnelles.
En effet, le secteur des RH offre une diversité de postes ainsi qu’une réelle possibilité d’évolution de carrière, notamment vers des fonctions de direction.
Implications et perspectives pour l’avenir des fonctions RH
Cette apparente sur-représentation féminine peut soulever plusieurs questions quant à l’avenir des RH :
- Est-ce un enjeu de diversité : comme c’est souvent le cas dans d’autres domaines où un sexe domine l’autre, la mixité a tendance à enrichir les points de vue et renforce la créativité des équipes de travail.
- L’évolution vers un équilibre plus homogène : avec les nouvelles générations et les mutations du marché du travail, il serait intéressant d’observer si cette préférence pour les métiers RH chez les femmes perdurera ou si une redistribution plus équilibrée entre genre s’installera progressivement.
- Le rôle croissant de l’intelligence artificielle et de la technologie : avec la transformation digitale, les pratiques et compétences requises dans les fonctions RH évoluent également – ce qui pourrait, potentiellement, impacter cette répartition actuelle entre hommes et femmes.
Au-delà des chiffres et des constats, il est essentiel de prendre en compte ces dynamiques et de les intégrer aux réflexions sur les stratégies RH pour les entreprises. Les relations humaines sont au cœur des métiers de gestion du personnel, et la question de la représentation des femmes doit continuer à faire écho auprès des employeurs et des recruteurs.
Quelles conséquences pour les entreprises ?
S’il n’est pas question ici de défendre l’idée d’une uniformisation des genres au sein des services RH, il convient néanmoins de s’interroger sur les conséquences potentielles de cette prédominance féminine pour les entreprises.
Ainsi, plusieurs questions méritent d’être posées :
- Les processus de recrutement et de développement des compétences sont-ils influencés par une vision féminine des collaborateurs et des enjeux professionnels ?
- La communication interne et la culture d’entreprise peuvent-elles être impactées par cette réalité socioculturelle spécifique ?
- Enfin, quelle place pour les hommes dans un environnement RH majoritairement féminin ?
Quels leviers pour favoriser la diversité homme-femme dans les RH ?
Pour répondre à ces enjeux et tendre vers une meilleure mixité hommes-femmes au sein des services RH, plusieurs axes d’action peuvent être envisagés :
- Promouvoir la diversité et l’inclusion : Encourager les entreprises à adopter une démarche volontariste en faveur de la diversité et à intégrer cette problématique dans leur stratégie RH.
- Favoriser les formations et le développement des compétences des hommes pour créer des parcours professionnels attractifs et adaptés à leurs aspirations
- Déstigmatiser l’engagement des hommes dans les métiers des RH et valoriser les atouts qu’ils peuvent apporter, notamment en termes de complémentarité avec les profils féminins.
- Rendre les entreprises plus attractives pour les hommes, par exemple en proposant des dispositifs de travail flexibles, des mesures de conciliation vie professionnelle/vie personnelle, ou encore en faisant évoluer la culture d’entreprise à travers des actions de communication interne spécifiques.
En définitive, il apparaît essentiel d’accorder une importance croissante à la mixité homme-femme au sein des ressources humaines. En effet, cette dernière constitue un levier de performance pour les entreprises et permettra, à terme, de renforcer leur capacité à répondre aux enjeux humains et sociétaux qui animent notre économie moderne.